Une seule prise de sang pourrait bientôt permettre de tout savoir sur un bébé, bien avant sa naissance. Un pas en avant dans le suivi des grossesses ? Un pas en arrière vers une certaine forme d’eugénisme ?

Savoir si votre futur bébé présente des risques de trisomie, des prédispositions au diabètes ou certains cancers sont des données que la médecine pourrait prochainement mettre à disposition du grand public, via un simple test sanguin.

Depuis 20 ans maintenant, l’on sait que l’ADN du fœtus est véhiculé par le sang de sa mère. Prélever le sang maternel révélerait alors quelques informations précieuses. A l’étranger (USA, Allemagne ou Suisse), des tests prénataux sont déjà en vente. En France, la réticence envers ces procédés est renforcée par une barrière morale intangible. Le doute sur le bon fonctionnement de ces tests est aussi permis, le “Triple test” qui aide à diagnostiquer la Trisomie 21 notamment et qui est actuellement en vigueur dans l’Hexagone, en est un exemple criant. Le grand public n’est pas encore prêt, ou n’y croit que trop peu.

Malgré tout, ces tests sont aujourd’hui étendus à divers usages médicaux pour dépister les plus grandes maladies ou risques de maladie. Toutefois, l’ADN du fœtus est difficile à manipuler. Complications pour l’isoler, pour l’analyser aussi. Aujourd’hui, seuls une quinzaine d’hôpitaux sur le territoire national sont en mesure d’effectuer des tests de dépistage sanguins.

La limite est aussi là : le dépistage n’est pas un diagnostic, et il arrive que les résultats soient faussés par des faux positifs ou négatifs. La médecine progresse chaque jour, et il se pourrait que ces tests deviennent de plus en plus fiables. L’inconscient collectif pourrait alors s’en trouver changé.

Quelle sera alors la limite imposée par l’éthique du corps médical ? S’arrêtera t-on au dépistage de maladies ou est-ce que ces tests n’entraîneront pas des dérives proches de l’eugénisme, où l’on pourra connaître tous les détails du développement de son enfant avant sa naissance. Qui souhaiterait connaître la couleur de ses yeux, de ses cheveux, de sa peau ? Et pour quelles conséquences ? La question est ouverte.